Les sujets des E3C de la banque nationale de sujets (BNS)

1.       Les questions problématisées

Ø  L’ensemble de la société du Second Empire bénéficie-t-elle de l’industrialisation et des transformations économiques du pays?

Vous pourrez présenter la situation de la bourgeoise, celle du monde ouvrier et celle du monde rural.

 

Ø  Quelles sont les mutations que connaît la société française entre 1848 et 1871?

Vous présenterez les processus d’industrialisation et d’urbanisation puis identifierez leurs conséquences sur la société française.

 

 


 

2.       Les analyses de documents

 

Ø  Chapitre 4 : analyse de documents n°1 (H2C2S1)

En analysant et confrontant les documents, vous dégagerez les rôles respectifs de Napoléon III et du préfet Haussmann dans les transformations de Paris et les principales finalités de celles-ci.

 

Document 1: un entretien de Louis-Bonaparte en 1852 avec le journaliste et homme politique Adolphe Granier de Cassagnac

 

 La transformation de Paris est le complément nécessaire du réseau de chemin de fer dont je veux couvrir la France, et qui, en un temps donné et prochain, se souderont aux chemins étrangers. Que deviendraient ces flots de voyageurs jetés dans une ville qui n'est pas percée en vue de les recevoir ? Où seraient les voitures pour les distribuer dans les divers quartiers, et les hôtels où les loger ? Et puis, peut-on songer à attirer les étrangers à Paris, pour leur montrer des quartiers infects, sans air et sans soleil ? D'ailleurs, on ne va que là où l'on se plait ; il faut qu'on se plaise à Paris. Je ferai de vastes parcs bien aménagés, bien arrosés, bien percés, avec les bois embroussaillés et poussiéreux de Boulogne et de Vincennes ; je sèmerai des squares à travers la ville, et je ferai un parterre des Champs Élysées. (...) Si les partis m'attaquent dans le présent, les chemins de fer de la province et les monuments de Paris me défendront dans l'avenir.» Et l'Empereur se levant, après cet entretien, me montra de grandes feuilles couvertes de dessins. C'étaient le bois de Boulogne achevé et le bois de Vincennes esquissé. (...) Lorsque, après avoir médité son projet, l'Empereur chargea M. Haussmann de l'exécuter, il lui remit un plan de Paris, sur lequel il avait tracé lui-même les voies à ouvrir, les squares à créer, les avenues à percer, les arbres à planter, les fontaines à élever. En principe, la transformation de Paris est donc son œuvre.

Source: Adolphe Granier de Cassagnac, Souvenirs du Second Empire, tome II, 1881, p.221-223.

 

Document 2: Souvenirs du Baron Haussmann, à propos de son premier entretien comme préfet de Paris avec Napoléon III, le 29 juin 1853

 

L’Empereur était pressé de me montrer une carte de Paris, sur laquelle on voyait tracées par lui-même, en bleu, en rouge en jaune et en vert, suivant leur degré d’urgence, les différentes voies nouvelles qu’il se proposait de faire exécuter. (...) L’Empereur ne remplit pas toujours avec la même ardeur le rôle actif, personnel, direct, qu’il s’était réservé dans la transformation de Paris, comme aussi dans le changement d’affectation du Bois de Boulogne, du Bois de Vincennes ensuite. (...) Les questions, si nombreuses, auxquelles il se devait, d’abord, rendirent bien peu digne de son attention soutenue, les infinis détails dont se complique l’étude sérieuse d’un projet de voie nouvelle: le tracé, les alignements, le nivellement (...) des voies  anciennes qu’il faut couper, avec celles qui doivent leur offrir de larges débouchés, enfin les réseaux d’égouts, les distributions d’eau, les canalisations de gaz à ménager et à coordonner avec les percements résolus! Tout cela fatigua vite et rebuta même un esprit étranger jusqu’alors à ces minutieuses considérations, hanté, d’ailleurs, par des combinaisons politiques d’une bien autre importance.

 

Source: Mémoires du Baron Haussmann, t. II: Préfecture de la Seine, Paris, Victor-Havard, 1890

 

Ø  Chapitre 4 : analyse de documents n°2 (H2C2S2)

En analysant les documents, vous montrerez que le Second Empire porte un projet de modernisation du pays.

Document 1: Discours de Napoléon III aux membres du Sénat et du Corps législatif, le 19 janvier 1858

 

Dans l’intérêt de l’agriculture, l’exportation et la distillation des grains (1) ont été autorisées de nouveau, et l’appui de la Banque est venu donner de la force au crédit foncier (2). Les landes commencent à se défricher. Dans les travaux publics, les résultats les plus importants sont: 1330 km de chemin de fer livrés en 1857 à la circulation, 2600 km nouveaux concédés (3); des routes nouvelles crées; le bassin à flot (4) de Saint-Nazaire et le canal de Caen à la mer ouvert à la navigation; des études sérieuses terminées pour prévenir le fléau des inondations; l’amélioration de nos ports et entre autres du Havre, de Marseille et de Toulon, de Bayonne; au Nord et à l’Est de la France, l’exploitation de nouvelles richesses houillères; à Paris, l’inauguration du Louvre(5) et de l’Asile de Vincennes (6), enfin, dans la capitale comme à Lyon, des quartiers ouverts, pour la première fois depuis des siècles, à l’air et à la lumière.

 

(1)La distillation des grains est destinée à fabriquer de l’alcool.

(2)Organisme fondé en 1852 qui permet d’acquérir des biens immobiliers, comme les terres cultivables.

(3) Ce qui veut dire que des compagnies se chargeront de la construction et de l’exploitation des lignes.

(4)Equipement qui permet à un port de ne pas être asséché par la marée basse.

(5)Le palais du Louvre, à Paris, abritait les collections royales d’objet d’art. Le projet d’un musée est repris et renforcé par la Révolution, mais le musée ne devient proche de sa forme actuelle que sous Napoléon III.

(6)Hôpital pour les ouvriers victimes d’accidents du travail.

 

Source: Discours, messages et proclamation de S.M. Napoléon III, Empereur des Français: 1849-1860, Humbert, Mirecourt, 1860, p. 141.

 

 

Document 2: la Gare de Marseille vers 1860

Source: photographie d’Edouard Baldus, Paris, BNF. Extrait de l’album photographique Chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, réalisé par la compagnie ferroviaire «PLM» (Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée), tiré à 70 exemplaires, dont deux offerts au couple impérial.

 

Ø   Chapitre 7 : analyse de documents n°1 (H3C2S1)

En analysant les documents, vous montrerez comment l’école primaire présente l’industrialisation de la France et confronterez cette vision avec la réalité économique et sociale de la France sous la IIIe République.

 

Document 1: La présentation des usines du Creusot dans Le Tour de la France par deux Enfants (1878)

 

«La puissance de l'industrie et de ses machines est si grande qu'elle effraie au premier abord ; mais c'est une puissance bienfaisante qui travaille pour l'humanité. Après une longue journée de marche, la nuit était venue [...].Dans le grand silence de la nuit on entendait comme des sifflements, des plaintes haletantes, des grondements formidables. Julien était de plus en plus inquiet : — Qu'y a-t-il donc ici? Monsieur Gertal ? Bien sûr, il arrive là de grands malheurs.

— Non, petit Julien. Seulement nous sommes en face du Creusot, la plus grande usine de France et peut-être d'Europe. Il y a ici quantité de machines et de fourneaux, et plus de seize mille ouvriers qui travaillent nuit et jour pour donner à la France une partie du fer qu'elle emploie. C'est de ces machines et de ces énormes fourneaux chauffés à blanc continuellement que partent les lueurs et les grondements qui nous arrivent.

— Mon Dieu, dit Julien, quel travail !

— Oh ! Monsieur Gertal, s'écria André, si vous voulez me permettre demain d'aller un peu voir cette usine, je serai bien content. Vous ne savez pas comme cela m'intéresserait de voir préparer ce fer que nous autres serruriers nous façonnons. [...]

Le lendemain [...], on se dirigea vers l'usine. [...]

— Il y a trois grandes usines distinctes dans l'établissement du Creusot, dit le patron qui le connaissait de longue date : fonderie, ateliers de construction et mines ; mais voyez, ajouta-t-il en montrant des voies ferrées sur lesquelles passaient des locomotives et des wagons pleins de houille, chacune des parties de l'usine est reliée à l'autre par des chemins de fer ; c'est un va-et-vient perpétuel.

— Mais, dit Julien, c'est comme une ville, cette usine-là. Quel grand bruit cela fait ! et puis tous ces mille feux qui passent devant les yeux, cela éblouit. Un peu plus, on aurait grand'peur.

— A présent que nous entrons, dit André, ne me lâche pas la main, Julien, de crainte de te faire blesser.

— Oh ! je n'ai garde, dit le petit garçon ; il y a trop de machines qui se remuent autour de nous et au-dessous de nous. Il me semble que nous allons être broyés là-dedans».

 

Le succès de ce manuel de l’enseignement primaire est tel qu’il atteint un tirage de 7,4 millions d'exemplaires en 1914, année qui le voit passer le cap des 400 éditions.

 

Source: « La plus grande usine de l'Europe : le Creusot. — Les hauts fourneaux pour fondre le fer» dans G. Bruno (pseudonyme d’Augustine Fouillée) Le Tour de la France par deux enfants. Devoir et Patrie. Livre de lecture courante. Cours moyen. Paris, Belin, 1878.

 

Document 2: Illustration légendée du Creusot dans Le Tour de la France par Deux Enfants  (1878)

 

Légende: «LE CREUSOT est ainsi appelé parce qu'il est situé dans le creux d'une vallée. Là, s'est établie une des plus grandes usines de l'Europe dont on voit dans la gravure les cheminées fumer. Autour de l'usine s'est bientôt groupée toute une population d'ouvriers ; une ville s'est -ainsi formée, qui compte maintenant 30000 habitants et s'accroît sans cesse.»

Source: même ouvrage.                         

 

 

Ø  Chapitre 7 : analyse de documents n°1 (H3C2S2)

En analysant les documents, présentez la vision de la société industrielle défendue par Henri Schneider. Vous identifierez Henri Schneider et vous expliquerez ses positions sur le capitalisme industriel et la question ouvrière.

 

Document 1: une interview d’Henri Schneider

Journaliste au Figaro, Jules Huret enquête au Creusot où il interroge Henri Schneider, fils du fondateur de l’entreprise, qui la dirige entre 1875 et 1898.

Jules Huret : Mais, s’il faut une direction à l’usine, est-il indispensable que ce Directeur absorbe à lui seul tous les bénéfices ?

Henri Schneider : Ça, c’est autre chose. Pensez-vous qu’il ne faut pas de l’argent pour faire marcher une « boîte » comme celle-ci ? À côté du directeur, de la tête, il y a le capitaliste, celui qui apporte la forte somme. C’est ce capital qui alimente tous les jours les usines en outillages perfectionnés, le capital sans lequel rien n’est possible, le capital qui nourrit l’ouvrier lui-même. Ne représente-t-il pas une force qui doit avoir sa part des bénéfices ? Comment empêcher le capital de se former ?Je prends un exemple. Il y avait un ouvrier qui gagnait cinq francs par jour.

Il s’est dit : «Tiens ! Bibi n’a besoin que de quatre francs pour vivre, Bibi va mettre un franc de côté tous les jours.» Au bout de l’année, il a 365 francs. Il recommence l’année suivante, dix ans, vingt ans de suite, et voilà un capitaliste! Presque un petit patron ! Son fils pourra agrandir le capital paternel, c’est peut-être une grande fortune qui commence.

Jules Huret : Mais si l’ouvrier a cinq enfants et une femme à nourrir, comment mettra-t-il de l’argent de côté ? Bibi n’aura-t-il pas plutôt faim ?

Henri Schneider (M. Schneider leva les bras et les épaules d’un air qui signifiait) : Qu’y faire ? (avant d'ajouter) Ça, c’est une loi fatale.., On tâche, ici, de corriger, le plus qu’on peut, cette inégalité... mais comment la supprimer ? [...] le patron a des devoirs à remplir vis-à-vis des salariés [...]. Je vous le répète, ici nous faisons tout ce que nous pouvons ... Mes ouvriers me montrent bien qu'ils sont contents de moi, puisqu’à chaque occasion qui s'offre à eux, ils témoignent de leur confiance...

Jules Huret. Oui, je sais, ils vous ont nommé député, conseiller général et maire [...]

Jules Huret : Que pensez-vous de l’intervention de l’État ?

Henri Schneider : Je n’admets pas du tout l’intervention d’un préfet dans les grèves. C’est comme la réglementation du travail des femmes et des enfants. On décourage les patrons de les employer. Pour moi, la vérité, c’est qu’un ouvrier bien portant peut très bien faire ses dix heures de travail par jour et qu’on doit le laisser libre de travailler davantage si ça lui fait plaisir."

Jules Huret : "La journée de huit heures ?"

Henri Schneider ["affectant un grand désintéressement"] : "Oh ! Je veux bien, si tout le monde est d'accord, je serai le premier à en profiter, car je travaille souvent moi-même plus de dix heures par jour... Seulement les salaires diminueront ou le prix des produits augmentera, c'est tout comme ! Au fond, voyez-vous, la journée de huit heures... [...]. Dans cinq ou six ans, on n'y pensera plus, on aura inventé autre chose."

 

Source: Jules Huret (préface de Jean Jaurès et de Paul Deschanel), Enquête sur la question sociale en Europe, Paris, éditions Perrin, 1897.

 

Document 2: une cité ouvrière du Creusot, carte postale, fin XIXe siècle.

Source: Ecomusée Creusot Monceau.