Bibliographie

Le livre à lire absolument!

Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, 1902

C'est une lente et funèbre progression qui mène le capitaine Marlow et son vieux rafiot rouillé, par les bras d'un tortueux fleuve-serpent, jusqu'au "cœur des ténèbres." Kurtz l'y attend, comme une jeune fille endormie dans son château de broussailles. Ou comme Klamm, autre K., autre maître du château tout aussi ensorcelé de Kafka. Éminemment moderne, le récit de Conrad, écrit en 1902, suscitera toutes les interprétations : violent réquisitoire contre le colonialisme, féconde représentation d'une libido tourmentée, rêverie métaphysique sur l'homme et la nature, chacun de puiser selon son désir dans ce texte d'une richesse et d'une portée sans limites. Car au bout du voyage, les ténèbres l'emportent. L'illusion domine un monde où pulsions de mort, masques et travestissements ont stérilisé l'amour. Mais pas le rêve qui, par la magie de cette écriture inflexible, se lève et déploie ses splendeurs comme une brume aux échos incertains. Le récit, au fil de la remontée d'un fleuve en forme de serpent, nous entraîne dans une expédition au cœur du continent africain, peuplé de combattants invisibles et de trafiquants d'ivoire rongés par la fièvre. 


Et les autres excellents livres à lire!


CESAIRE (Aimé), Cahier d'un retour au pays natalEt nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique. 

DAENINCKX (Didier), Cannibale: 1931, l'Exposition coloniale. Quelques jours avant l'inauguration officielle, empoisonnés ou victimes d'une nourriture inadaptée, tous les crocodiles du marigot meurent d'un coup. Une solution est négociée par les organisateurs afin de remédier à la catastrophe. Le cirque Höffner de Francfort-sur-le-Main, qui souhaite renouveler l'intérêt du public, veut bien prêter les siens, mais en échange d'autant de Canaques. 

DURAS (Marguerite), L’amant: Roman autobiographique, L'amant est l'un des récits d'initiation amoureuse parmi les plus troublants qui soit. Dans une langue pure comme son sourire de jeune fille, Marguerite Duras confie sa rencontre et sa relation avec un rentier chinois de Saigon. Dans l'Indochine coloniale de l'entre deux-guerres, la relation amoureuse entre cette jeune bachelière et cet homme déjà mûr est sublimée par un environnement extraordinaire. 

DURAS (Marguerite), Barrage contre le Pacifique Le récit s'articule autour du personnage de la mère, une femme qui, dans sa lutte contre la misère, brave à s'en rendre folle les obstacles infranchissables qui se présentent à elle. À l'image du titre, les ambitions, aussi nobles soient-elles, ne peuvent être que démesurées et toute tentative s'avère inéluctablement vouée à l'échec. Lorsque tout finit par être rongé, sali, violé, c'est aller au-delà de la souffrance, au-delà du pathétique. Car la douleur est sans fond, la perte est définitive, aucune trace de compassion dans ce roman de l'irrémédiable.


GANDHI, La voie de la non violence: La voie de la non-violence n'est pas seulement l'apanage des saints et des sages, mais aussi bien de tous les autres hommes." La voie de la non-violence est la loi de notre espèce, comme la violence est la loi de la brute. L'esprit somnole chez la brute qui ne connaît pour toute loi que celle de la force physique. La dignité de l'homme exige d'obéir à une loi supérieure : à la force de l'esprit. " 

GIDE André, Voyage au Congo: Récit d'un séjour en Afrique équatoriale française où l'émerveillement devant la nature sauvage se conjugue à l'indignation face au sort des colonisés. Un des premiers réquisitoires contre le colonialisme, bref, mais efficace et réaliste.

LONDRES Albert, Terre d’Ebène: En 1927, Albert Londres embarque pour un périple de quatre mois dans les colonies françaises d'Afrique. Il a déjà écrit quelques articles sur les " petits Blancs " de Dakar, mais s'engage cette fois dans une enquête d'envergure sur les pratiques des colons usagers du " moteur à banane ". Il en rapporte un récit virulent, caustique, dont le lecteur sort tour a tour réjoui et atterré, dénonçant les milliers de morts survenue au nom de l'exploitation des forts et de la mise en valeur du territoire.

ORSENNA Erik, L’exposition coloniale: Je m'appelle Gabriel. Je suis né en 1883 à Levallois, capitale des chevaux. Louis était mon père, très gourmand de mariages. Moi, depuis plus d'un demi-siècle, j'aime deux sœurs, Clara, la longue, photographe de shtetls, et Ann, la blonde, une femme d'affaires qui ne se donne que debout.


PRATT (Hugo), Les Ethiopiques: Murs blancs calcinés par le soleil, buissons de figues de barbarie, minarets et scorpions, chameaux immobiles sous le soleil et mitrailleuses prêtes à briser le silence. Et une ville aux églises renversées. L'Ethiopie. Il y a des choses mystérieuses dans ce pays dit Corto Maltese à Cush. Corto est ironique, Cush est intégriste. Corto incarne l'Occident, Cush, le guerrier Danakil, l'Afrique, mais l'écart n'est pas net. Pratt les confronte, mais au fond il mélange et confond leurs caractères. 

SENGHOR (Léopold Sédar), Les Ethiopiques: "Ethiopiques" est constitué de pièces apparemment très hétérogènes: les poèmes sont de longueur très inégale (deux pages pour "Messages" ou "Teddungal", seize pages pour "Chaka"), on trouve des "guimms" simples, un "guimm" composé ("L'Absente"), un "poème dramatique" ("Chaka"), des épîtres.

PERRISSIN (Christian), Kongo: Printemps 1890. Teodor Jozef Konrad Korzeniowski (qui prendra plus tard le nom de plume de Joseph Conrad) est engagé comme officier de marine marchande par la Société Anonyme Belge pour le commerce du Haut-Congo. Quittant Bordeaux le 10 mai, il débarque dans le port de Boma courant juin. Il rallie ensuite Matadi. C'est de là qu'il part à pied avec une caravane de 31 hommes pour Kinshasa où l'attend le navire dont il doit prendre les commandes. Une marche harassante de 19 jours dans des conditions extrêmes. Un avant goût de l'enfer qui l'attend lors de la remontée du fleuve en bateau. Animosité de ses compagnons belges qui ne voient en lui qu'un étranger chargé de faire un rapport accablant sur la façon dont ils exploitent les richesses du pays, chaleur insupportable, promiscuité, maladie et fièvre, hostilité d'une partie des autochtones.

CELINE (Louis Ferdinand), Voyage au bout de la nuit: En Afrique, où le colonialisme lui montre une autre forme d’atrocité, Bardamu s’insurge de cette exploitation de l’homme par l’homme, plus terrible encore que la guerre.